MARC CHASSINAT : 30 ans de ponctualité mexicaine

Publié le par Jean-Marie LEGAUD

Depuis plus de 30 ans de vie mexicaine, Marc Chassinat a su développer une activité qui a fait son succès : celui de messager. Cet entrepreneur parisien est partie d'une idée simple : offrir un service rapide aux lecteurs impatients voulant recevoir leur revue préférée et journal favori à domicile. Depuis l'arrivée d'internet, son entreprise s'est diversifiée vers d'autres services de messageries.

 

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« Livrer en temps et en heure ! » Plus qu'un challenge, cette idée était au départ une véritable gageure dans un pays qui n'est pas réputé pour sa ponctualité, mais Marc Chassinat a su relever ce défi avec succès puisque ses deux entreprises Todalaprensa y Correo Internacional Privado emploient aujourd'hui plus de 35 administratifs et 50 collaborateurs qui livrent chaque jour publications internationales et locales ainsi que les correspondances destinés aux expatriés européens et américains répartis sur tout le territoire de la République mexicaine.

 

« En 1973, Cancun n'existait pas ! »

C'est suite à un formidable voyage à l'été 1973, que le jeune étudiant du quartier latin accompagné de sa future épouse fait la découverte du Mexique. « Nous avons fait le tour des Etats-Unis et du Mexique en Ford Mustang. Une boucle de plus de 25 000 km qui a duré 3 mois ! » Dans les années 70, le Mexique commençait à peine à se développer et ne possédait évidemment pas les infrastructures d'aujourd'hui. « La campagne mexicaine était beaucoup moins industrialisée qu'aujourd'hui, il y avait seulement deux autoroutes dans le pays Mexico-Cuernavaca et Mexico-Querétaro, se souvient l'aventurier. Cancun n'existait même pas, il y avait seulement une station essence au bout de la plage qui permettait de faire le plein et repartir ! »

 

De la presse à la messagerie

C'est en 1976 que le jeune couple décide de s'installer à Mexico. Après quelques années passées en tant que vendeur d'encyclopédies médicales, Marc Chassinat décide de monter sa propre entreprise de messagerie dédiée à la presse : ce sera Todalaprensa. Il s'appuie sur son expérience parisienne au sein de l'OFUP (Office universitaire de presse) lorsqu'il a travaillé aux côtés des fondateurs de la marque au tout début des années 70. Il met en place son réseau de distribution pour vendre journaux et revues internationales et commence à signer ses premiers abonnements aux résidents étrangers. Cette activité était encore peu développée dans le pays à part un distributeur américain qui défendait âprement son pré carré.

Au fil des années, l'entrepreneur français accrocheur a su tirer son épingle du jeu face notamment à la concurrence. « En 2003, j'ai obtenu l'exclusivité des ventes sur le Mexique, cela représentait environ 9 000 abonnements européens et américains ainsi que 3 000 abonnements de revues mexicaines. » Les universités mexicaines, en fort développement depuis une dizaines d'années sur tout le territoire de la République, représentent une importante clientèle pour l'entreprise de Marc Chassinat.

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Internet et la diversification

Mais avec le développement de l'internet, Todalaprensa, comme tous ses concurrents internationaux, a vu ses ventes d'abonnement baisser. « Aujourd'hui, un certain nombre de lecteurs préfèrent payer un abonnement en ligne même si lire sur un ordinateur n'est pas aussi confortable que feuilleter un vrai journal papier. Mais l'important est de se diversifier car internet nous offre aussi des possibilités pour développer d'autres formes de messageries. » En effet Todalaprensa a vu naître dès le début sa petite sœur Correo Internacional Privado. L'objectif : offrir un service de messagerie fiable et rapide aux particuliers et entreprises qui souhaitent envoyer documents et petits objets entre l'Europe, les Etats-Unis et le Mexique . « Nous avons par exemple installé dans les lycées français de Polanco, Coyoacàn et Cuernava une boîte postale qui permet d'envoyer directement son courrier à la CFE. »

 

« Optimiser mon agenda »

 

Pour Marc Chassinat, le temps est précieux et il ne s'agit donc pas de le gaspiller. L'homme d'affaires, qui est aussi un grand sportif, a su optimiser son emploi du temps pour conjuguer activités professionnelles et personnelles.

Levé vers 6h00 du matin, Marc Chassinat commence sa journée par un jogging au parc Viveros de Coyoacàn ou une partie de tennis. « Mexico vous permet de jouer sur terre battue quasiment 365 jours par an ! » Un réveil tonique pour partir du bon pied mais aussi pour éviter de rester bloquer dans les bouchons. « Tôt le matin dans la ville, c'est formidable, il n'y a presque pas de circulation. Je rentre à la maison de bonne heure et après une douche rapide, je consulte mes mails tout en prenant mon café dans mon jardin. J'en profite aussi pour passer quelques coups de fils en Europe par skype. » Le chef d'entreprise arrive à son bureau situé proche du Viaducto vers 9h30. Contrôle des arrivées de journaux de l'aéroport, suivi des commandes, consignes aux collaborateurs et gestion des petites péripéties du quotidien. « Au Mexique, il y a toujours quelque chose qui fait que ça ne se passe jamais comme on l'a prévu. » Pour ne pas décevoir une clientèle exigente dans un pays où la ponctualité n'est pas toujours la priorité, il faut donc savoir réagir vite et trouver des solutions.

Marc Chassinat a souvent le regard rivé sur sa montre avec une idée fixe : optimiser son agenda. « J'évite de faire des réunions professionnelles au cours de petits-déjeuners ou de déjeuners interminables. Je préfère prendre rendez-vous sur les heures de bureaux, on perd moins de temps. »

 

« Le Mexique : mon pays d'adoption »

Quand on lui parle de retraite, le fringuant et jeune sexagénaire sourit. « Je n'y pense pas en tout cas je ne me vois pas arrêter de travailler tout de suite. » Une chose est certaine, Marc Chassinat est très attaché à son pays d'adoption et n'envisage pas de le quitter. « Je me sens d'abord français mais c'est ici que j'ai fait ma vie et que je compte la continuer. »

D'ailleurs l'amateur de sport et de football fait remarquer qu'il soutient toujours l'équipe de France même quand elle affronte celle du Mexique. L'homme ne cache pas son attachement au drapeau tricolore, et c'est avec une certaine fierté que l'ancien élève-officier de Coëtquidan a accroché sur le mur de son bureau une photo d'archive sur laquelle il défile en uniforme sur les Champs Elysées.

Ses trois enfants, qui sont nés et ont passé leur enfance au Mexique, vivent quant à eux aujourd'hui en France. « Je pense qu'ils se sentent franco-mexicains, car quand ils viennent en vacances pour me voir, ils me disent toujours : on rentre à la maison... »

 

Jean-Marie LEGAUD

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