GREGORI DOREE – Le Mexique sur un air de jazz

Publié le par souslesoleildemexico

Pianiste de jazz en Bretagne, Grégori Dorée a traversé l'océan pour venir s'installer au Mexique en 2007. La raison : « Un mariage avec une Mexicaine entraine mon départ à Mexico », écrit-il sobrement sur son Myspace. Un changement de gamme et de temps, qu'il assume avec humour.


GD grègori en cours

Le virus de la musique

« Au Mexique, on se sent plus vivant qu'en France.  J'ai vécu 6 mois en Suède, c'était trop tranquille, je me sentais presque mort. » Le ton est donné. Avant de poser ses valises et son piano à Mexico, Grégori Dorée a bourlingué en France, en Europe et même en Afrique. Un parcours évidemment peu classique pour cet amateur de jazz : « J'ai passé 4 ans en Allemagne pour me perdre dans des études de droit, finalement j'ai préféré faire le reste de travers en faisant de la musique. » Le jeune homme, qui pratiquait du piano depuis sa tendre enfance, s'est dit qu'il fallait persévérer dans ce métier de saltimbanque. Il intègre alors le CIM (l'école de jazz et de musiques actuelles) à Paris « avec l'organiste Emmanuel Bex », précise-t-il. Puis il part à Montpellier à l’école de jazz du JAM. Il gagne alors des concours, enchaîne les scènes avec des groupes et réalise sa première tournée. Il réussit même un passage au très réputé Berklee College of Music à Boston en 1999.

Devenu intermittent du spectacle, Grégori joue dans plusieurs groupes de jazz et écume les dates dans la région Languedoc, puis en Bretagne où il s'établit et se produit régulièrement dans un magnifique château : le Manoir de Lan Kerellec. GD-Gregori-mains-piano.jpg

 

Du crachin breton au soleil de Mexico

 

Mais c'est un peu plus tard que sa vie bascule. Le jeune musicien fait la connaissance d'une Mexicaine à Lannion qui faisait un stage en tant qu'assistante d'espagnol dans un lycée. Suite à cette rencontre peu banale, le jeune femme décide de rester un peu plus longtemps dans la région. « Mais après 2 ans passés ensemble dans les Côtes d'Armor, elle ne pouvait plus supporter la pluie, raconte le pianiste, alors que moi je trouvais cela plutôt poétique... »

La jeune Mexicaine veut revoir le fameux soleil de Mexico et aussi se rapprocher de sa famille. « Elle m'a lancé un ultimatum : qui m'aime me suive ! Par chance, je l'aimais et en plus j'ai aimé son pays à ma grande surprise car j'en avais une image déplorable... » plaisante le mélomane breton.

Pour préparer son départ, Grégori a eu la bonne idée de lire les recommandations du site de l'ambassade de France à Mexico. « Un kit de survie qui ne m'a pas du tout rassuré », précise l'intéressé qui se souvient de sa première semaine dans la capitale mexicaine. « Parmi les consignes de sécurité, ma femme m'avait expliqué de ne pas marcher sur les trottoirs mais au milieu de la chaussée pour éviter de se faire kidnapper. Résultat : j'ai failli me faire écraser plusieurs fois, j'ai donc depuis arrêté ! » Le pianiste fluet raconte même qu'il avait commencé la musculation pour impressionner, avant de se raviser...

Finalement, après plusieurs années passées au Mexique, Grégori constate n'avoir subi aucune agression. « Je crois donc qu'on exagère un peu même si je pense qu'il faut rester prudent. »



Le vélo et le yoga

Le jeune pianiste est aussi un adepte fervent du vélo en ville. « Pour aller de la Condesa à Polanco, je mets une vingtaine de minutes en passant en plus par le parc de Chapultepec. Un chemin paisible sous les grands arbres, où il faut faire attention non pas aux voitures mais aux écureuils qui traversent sans prévenir. »

Gregori Doree 8634Le mélomane a par ailleurs découvert un club de yoga tout près de chez lui à la Condesa, un quartier de Mexico où les clubs ne manquent pas. « Profiter du soleil même en hiver et faire du yoga, c'est vraiment appréciable, surtout quand on vient de Bretagne. Cela me procure un bien-être formidable qui me fait d'autant plus apprécier les couleurs de ce pays.»

Alors que son installation n'est pas définitive, le pianiste lâche peu à peu le cordon ombilical qui le relie à la France. « Je me suis tout de suite senti très bien au Mexique et s'en m'en apercevoir, j'ai pris des décisions qui ont fait que je suis resté. » De plus, le jeune musicien se rend compte qu'il existe une clientèle pour apprendre le piano dans le milieu francophone. « Dès le premier hiver, j'ai eu 6 élèves. De plus, j'ai fait mon premier concert avec des élèves et j'ai eu beaucoup de plaisir à enseigner. » Grégori s'accompli donc en tant que professeur et donne depuis des cours les après-midis aux enfants mais aussi aux adultes.

 

Duo de jazz


Côté concerts, en revanche, les choses ont été plus compliquées. Trouver des musiciens et des lieux de concert s'est révélé un véritable parcours du combattant, explique le pianiste. « Démarcher les propriétaires de bar et de restaurants, et puis surtout les convaincre de jouer, c'est une activité à plein temps. Et ici à la différence de la France, il n'y a pas de statut d'intermittent qui te permette de prospecter, c'est-à-dire de dépenser du temps et de l'argent. »

La vocation pédagogique a pris le pas sur sa vocation de musicien. Mais depuis 2010, Grégori collabore avec la chanteuse Ingrid Lowenberg pour se consacrer de nouveau à sa passion première, le jazz. « Cela commence à bien sonner. Nous nous produisons régulièrement au Bouchon. Et nous prévoyons d'autres dates et d'autres lieux. » Par ailleurs, autre passion de musicien, Grégori compose et fait de la musique pour enfants. En 2007 et 2008, il a sorti deux albums, « une bonne blague de potache mais aussi un travail de composition » concède-t-il.

Le musicien a donc trouvé ses marques au Mexique, mais il s'interroge toujours sur son futur :« Est-ce que je vais rester au Mexique ? J'y réfléchis, ou plutôt nous y réfléchissons d'autant plus que nous allons avoir bientôt un enfant. Alors forcément on pense à l'avenir... »

 

Jean-Marie LEGAUD

http://www.myspace.com/gregdoree

 

Publié dans Culture

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